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La révolution musicale est liée à deux mouvements de fond qui brouillent l’ensemble des codes sociaux.

Tout d’abord, la musique est passée d’une notion de culture (enrichissement intellectuel), à une notion de divertissement lié à une volonté politique de démocratisation d’accès à la culture et donc à la musique.

Le deuxième mouvement de fond est bien sûr la révolution numérique, qui engendre un profond bouleversement d’accès à la musique et aux modes de consommation.

 
a.     LA MUSIQUE VECUE COMME UN DIVERTISSEMENT, NON PLUS COMME UN CODE D’APPARTENANCE A UNE CATEGORIE SOCIALE
  1. Une volonté politique :

 

Les politiques publiques ont partiellement gommé la frontière entre culture et divertissement, notamment portées par Jack Lang, qui a instauré la fête de la musique. Si l'objectif d'amener « la culture à tous et tous à la culture » reste le mot d'ordre, on constate qu'on a pour cela refaçonné la culture, lui donnant un aspect que l'on supposait plus populaire, plus à même de séduire le plus grand nombre. De grands opéras, genre associé à la culture « bourgeoise », ont été montés au Stade de France, drainant un large public dans une ambiance de fête. Cette démocratisation, notamment dans l’accès à la culture musicale permet d’effacer les frontières entre musique légitime et illégitime, en refusant de hiérarchiser les valeurs et de favoriser l’égalitarisme.

On peut prendre l’exemple de la fête de la musique : il s’agit d’une grande kermesse populaire dont les participants sont des amateurs bénévoles, mais on retrouve également des stars de la musique ainsi que des professionnels qui donnent des concerts gratuits. Cet art s’adresse généralement à tout public. En effet les musiques les plus suivies sont les musiques populaires, variété française et internationale, pop et rock, puis vient le jazz et la musique classique qui touche davantage les milieux sociaux cultivés. Par la suite, la fête de la musique permet également de montrer l’apogée de l’impact de la musique dans la jeunesse, ainsi que la musique numérisée qui conquit un public de plus en plus large. Représentative de la volonté politique de la démocratisation de la musique, elle favorise la mixité entre genres musicaux et catégories sociales :

  1. La gratuité permet la participation du plus grand nombre,

  2. La localisation : de nombreuses représentations sont spontanées et dans les rues, ce qui permet à toute catégorie sociale d’échanger et d’écouter ensemble le même type de musique.

 

 

 

  1. Une évolution des pratiques de la musique

 

Elle gomme aussi la catégorisation sociale : la musique n’est pas seulement une chose qui se consomme, mais aussi qui se pratique : le développement des écoles de musiques, l’accès plus facile à l’achat d’instrument de musique, favorisent la démocratisation de la pratique musicale : les études montrent que la pratique d’un instrument de musique n’est pas corrélée aux catégories sociales.

  1. Le karaoké

 

C’est une activité de divertissement par excellence où toutes les catégories sociales se côtoient. Ainsi, dans une étude réalisée par le ministère de la culture en 1997, 30% des cadres et des professions intellectuelles supérieures ont participé à un karaoké, 27% des ouvriers spécialisés et 32% des ouvriers peu qualifiés. Cela montre que la musique comme divertissement ne peut être un vecteur de catégorisation sociale. Elle est considérée comme culture « chaude », c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de la qualité du chant qui compte, mais le divertissement, la convivialité, la détente… A l’inverse de la culture « froide », qui sépare le spectateur et l’artiste, le spectacle et l’œuvre, celle qui rappelle retenue, silence… Bernard Lahire classe alors cette activité dans les loisirs à faible légitimité culturelle.

Cette tendance de démocratisation de la musique et de son utilisation comme divertissement tend à effacer les frontières sociales.

  1. Les émissions de télé crochet

 

Un autre exemple serait les émissions musicales de télé crochet telles que la Star AC ou plus récemment The Voice. Nous n’avons pas trouvé de statistiques traitant des CSP qui suivent cette émission, mais de façon empirique, nous conjecturons qu’elle touche toutes les catégories sociales qui écoutent alors une grande diversité de musiques au même moment.

3. La musique comme un plaisir et une détente :

 

Cette même étude montre le rapport des français à la musique : elle est considérée pour 65% des personnes interrogées comme un plaisir parmi d’autre et une façon de se détendre.

En creusant un peu la question, on se rend compte que les réponses sont différentes avant tout selon l’âge. La musique est vitale et fait partie de la vie quotidienne avant tout pour les jeunes et les musiciens. La musique est un plaisir et une façon de se détendre pour les personnes âgées entre 35 et 64 ans. La musique n’est considérée comme un passe temps que pour les plus de 65 ans.

Le temps d’écoute diminue avec l’âge. Bien sûr, on peut imaginer que les jeunes ont plus de temps pour écouter la musique, mais cela n’explique pas que les retraités en écoutent très peu. Cela montre bien que la musique s’est vraiment démocratisée, et qu’elle est intégrée dans les pratiques des plus jeunes, alors que plus on avance en âge, moins on écoute de la musique, car on garde sa pratique de sa jeunesse.

© 2017 Aude Castillion, Jeanne Geny, Thomas Demay
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